Vous avez dit sargasses ?

Les sargasses - l'algue venue du Brésil qui défigure le visage des Antilles.
Préambule

Toute personne ayant déjà voyagé dans les Antilles aura peut-être été confrontée à la vision d’horreur des bancs de sargasses échouées sur les plages. Dès lors que l’on n’a pas vu ces immenses radeaux se diriger vers les plages, il est impossible d’imaginer l’ampleur de la catastrophe que la situation peut causer sur le tourisme, l’écosystème, la population.

Avant de voyager en Guadeloupe, j’avoue que nous n’avions pas conscience des sargasses.  C’est en cherchant des informations sur les choses que nous ferions lors de notre voyage que j’ai découvert la situation.

On peut dire que nous avons eu de la chance pendant notre séjour car il y en avait peu et il semble qu’elles aient commencé à redevenir invasives vers la fin de notre voyage.

Les sargasses, c’est quoi ?

Les sargasses représentent de vastes bancs d’algues brunes dures assez compactes. Elles poussent jusqu’à un mètre de profondeur, flottent en surface et peuvent s’étaler jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres à la surface de l’océan Atlantique et de la Mer des Caraïbes.

Les sargasses se multiplient en haute mer sans être attachées à un rocher. Elles se maintiennent en surface grâce à de petits flotteurs en boule et se regroupent sous forme de « radeaux ».

D’où viennent-elles ?

Lors des précédents échouages massifs ayant eu lieu dans toute la Caraïbe en 2011, les hypothèses sur leur origine laissaient penser que ces algues provenaient du Golfe du Mexique ou de la Mer des Sargasses, au Nord des Antilles.
Cependant, une équipe scientifique ayant étudié leurs déplacements grâce aux satellites, a démontré qu’elles provenaient en fait du Nord de l’embouchure de l’Amazone, au large du Brésil. Ceci explique pourquoi les côtes sud de l’archipel sont principalement touchées.Il semble en effet que les nutriments contenus dans l’eau de l’Amazone et L’Orénoque profitent à la croissance de ces algues et favorisent leur développement massif.

Ce phénomène devrait malheureusement se reproduire, voire s’accentuer les prochaines années, en raison de la destruction massive de la mangrove d’Amérique latine, qui permettait auparavant de retenir une grande partie des nutriments provenant des fleuves. Il met l’accent sur les conséquences que peuvent produire les déforestations et urbanisations incontrôlées.

Quels sont les dangers ?

Les sargasses, lorsqu’elles sont en mer, ne représentent aucun danger. Elles sont même considérées par les pêcheurs comme d’excellentes nurseries, car elles permettent d’attirer de plus gros poissons venant se nourrir sous ces radeaux flottants.
On peut tout de même déplorer qu’elles semblent être un moyen efficace de dissémination du poisson lion, cette espèce invasive originaire du Pacifique qui prolifère dangereusement dans les eaux de la Caraïbe depuis le début des années 2000…  C’est lorsque les algues arrivent sur nos côtes, piégées par la mangrove ou s’échouant sur le sable que les désagréments se produisent. En effet, la dégradation des sargasses produit de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique, avec une forte odeur d’oeufs pourris. Ce gaz est nocif à de fortes concentrations. Cependant, ce phénomène n’est pas seulement nuisible pour les humains. De nombreux témoignages montrent que les animaux sont eux aussi victimes de l’envahissement de ces algues et notamment pour les tortues. En période de ponte, nombreuses sont celles qui ne peuvent pas se rendre sur les plages pour y enfouir leurs oeufs. Lorsqu’elles y parviennent, les nids risque d’être détruits par les bulldozers ramassant les sargasses, et les juvéniles, parfois même les adultes, en crevant une poche de gaz, sont asphyxiés et meurent noyés. Les grands radeaux d’algues provoquent également la mort des coraux, en les empêchant de recevoir la lumière du soleil.
Ainsi, c’est tout l’écosystème local qui est en danger à cause de la présence de ces sargasses.

Quelles sont les solutions ?

Il semble pourtant que des solutions efficaces existent pour empêcher les algues d’arriver jusqu’au rivage. II existe également des barges de collecte de sargasses et autres déchets, pouvant traiter au moins 500 mètres/cube par jour. (source : https://theoceancleaner.fr/our-boats/).

Alors que la prolifération des algues augmente avec un pic catastrophique connu en 2018, et en dépit de 2 « Plan Sargasse » (le dernier 2022 – 2025 avec un budget de 36 Mio alloué par le gouvernement français), je n’ai pas l’impression, au vu de ce que nous avons constaté, que de grandes choses soient entreprises pour minimiser l’invasion des algues … D’après ce que nous avons pu entendre sur place, seul 1 bateau opère sur la Guadeloupe ! Et sinon, des ramassages sont organisés sur les plages les plus touristiques.

Mai 2022

A titre d’exemple, la petite île de la Désirade (à l’est de Grande Terre) a été complètement isolée récemment et pendant plusieurs jours par un radeau d’algues. Dans ces cas-là, il y a interdiction pour les bateaux de sortir en mer au risque de bloquer les hélices et d’endommager les moteurs.

En 2021, un radeau de sargasses avait été aperçu à 150 km de la Désirade. Avec du matériel adéquat, qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’aurait pas été possible de protéger l’île et ses habitants … Alors où passent les subsides des Plans Sargasse 1 et 2 ?

Conclusion :

Encore une situation dont l’homme est responsable mais qu’il est incapable de résoudre ou ne met pas les moyens ni la volonté pour le faire !

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